Exposition
Shilpa Gupta : Moi aussi je vis sous ton ciel
Du 23 Mars, 2024 au 8 Septembre, 2024
Moi aussi, je vis sous ton ciel constitue une présentation émouvante de l’œuvre récente de Shilpa Gupta (Bombay, 1976) où voix et poésie remplissent l’espace de l’exposition en revendiquant l’existence des personnes réduites au silence, isolées ou reléguées en périphérie. Cette exposition est une affirmation explicite de la présence, comme le matérialise l’installation en lumières DEL avec la citation qui donne son titre à l’exposition, rédigée en anglais, en espagnol et en ourdou.
La détermination de Shilpa à remplir les espaces vides avec les voix de différentes communautés est une conséquence naturelle de sa vie à Bombay, un cadre extraordinairement multiculturel et polyphonique, en immersion dans un océan de langues, de religions, de cultures et de croyances. Listening Air (Écouter l’air), produite par la Fundación Botín et œuvre phare de cette exposition, est un espace d’écoute partagée qui sert de porte-voix à plusieurs communautés historiquement opprimées.
Elle rend audibles des mots qui ont résonné dans des paysages lointains et diversifiés, reliant des rizières, des forêts, des rues et des universités de diverses parties du globe. L’œuvre comporte huit chansons, dont Bella Ciao, interprétée par les ouvrières des rizières de la vallée du Pô en Italie, dans les années 1940, et voyageant jusqu’aux manifestations de 2020 d’agriculteurs à New Delhi. Il y a aussi No nos moverán, qui était au départ un chant religieux des esclaves africains du sud des États-Unis, un cri de libération qui a traversé l’Atlantique pour retentir lors des revendications étudiantes de 1968 en Espagne, avant de devenir l’un des premiers chants s’élevant en réponse au coup d’État au Chili de 1973.
Pendant ces dix dernières années, Shilpa a réalisé un ambitieux travail de recherche transhistorique et transculturel sur la poésie et la répression, qui dans cette exposition se déploie dans une sélection de dessins ébauchant les corps absents des poètes emprisonnés, et dans plusieurs sculptures évoquant les expériences d’enfermement corporel et de persistance de l’amour en dépit de l’isolement.
Le contexte politique de l’Asie du Sud où l’artiste a grandi, zone géographique en proie à des conflits sociaux et territoriaux constants, a influencé son leitmotiv : les conséquences des frontières. Ainsi, une collection d’œuvres sur textile, bois, cire, associées à des dispositifs participatifs et analogiques abordent les entraves au mouvement et aux libertés en raison des frontières psychologiques, idéologiques ou physiques.
Selon l’universitaire Pratap Bhanu Mehta : « L’art de Shilpa Gupta est un exercice pour savoir comment nous servir de nouveau de notre faculté d’imagination pour franchir les frontières, réfuter les arguments des censeurs et nous ouvrir aux autres. Dire cela, c’est concrétiser la plus haute vocation de l’art : il suffit d’un peu d’imagination pour nous libérer. »
L’exposition s’accompagne d’une publication coéditée avec La Fábrica, intégrant des textes spécifiquement commandés pour ce projet à l’historien de l’art et commissaire d’exposition Rattanamol Johal, à l’artiste et poétesse María Salgado, à l’universitaire Pratap Bhanu Mehta et à la commissaire de cette exposition, Bárbara Rodríguez Muñoz.
À propos de Shilpa Gupta
Shilpa Gupta (1976, Bombay, Inde) vit et travaille à Bombay où elle a étudié la sculpture à la Sir J. J. J. School of Fine Arts, ayant obtenu son diplôme en 1997. Ses œuvres ont été exposées dans le monde entier, notamment à la Biennale de Venise, à la Biennale de Berlin, à la Tate Modern, au Centre Pompidou, au Solomon R. Guggenheim Museum, à la Devi Art Foundation, au San Francisco Museum of Modern Art et au Mori Museum, pour ne citer que quelques exemples.
Exposition dont la commissaire est Bárbara Rodríguez Muñoz, directrice des expositions et de la collection du Centro Botín.