Exposition
Ellen Gallagher with Edgar Cleijne: A law… a blueprint… a scale
Du 14 Avril, 2022 au 11 Septembre, 2022
Ellen Gallagher avec Edgar Cleijne : A law... a blueprint... a scale est la première exposition en Espagne de la célèbre artiste américaine Ellen Gallagher. Cette exposition retrace deux décennies de création artistique, regroupant notamment des peintures, des œuvres sur papier et trois installations cinématographiques réalisées en collaboration avec l'artiste néerlandais Edgar Cleijne.
Cette exposition, dont les commissaires sont Bárbara Rodríguez Muñoz, directrice des expositions et de la collection du Centro Botín, et Benjamin Weil, directeur du centre d'art moderne de la Fundação Calouste Gulbenkian, invite les visiteurs à plonger dans les profondeurs de l'océan dans un voyage immersif qui explore certaines thématiques comme la race, l'identité et la transformation à travers des concepts tels que l'abstraction moderniste et la biologie marine.
Grâce aux salles spacieuses du Centro Botín comme toile de fond et les vues plongeantes sur la baie de Santander, ces deux artistes, à l'esthétique aquatique et transformatrice, proposent un dialogue avec les fonds marins et les organismes, les histoires et les mythes qui ne cessent de les surprendre. Leurs œuvres témoignent de leur volonté de dénoncer l'exploitation raciale et environnementale - le souvenir tragique de la traite des esclaves outre-Atlantique et la disparition des espèces océaniques - tout en réaffirmant la résilience et le caractère évolutif de toutes les formes de vie.
L’exposition comprend une sélection des Black Paintings de Gallagher, une série d’œuvres monochromes commencée en 1998, dont les surfaces noires profondes, impénétrables et irisées rappellent le pétrole brut et font référence à la réalité brutale de la colonisation.
Watery Ecstatic, est une série en cours d’œuvres sur papier aquarelle dans laquelle Gallagher crée un ensemble de créatures marines fantastiques et biomorphiques qui revisitent prennent la tradition de l’illustration propre aux sciences naturelles. Le monde océanique dans lequel ces créatures évoluent est associé à la Drexciya, un royaume submergé habité par les descendants aquatiques des femmes africaines asservies qui sautèrent ou furent jetées par-dessus bord au cours de leur traversée de l’océan Atlantique.
Morphia rassemble une collection de dessins recto-verso montrant des figures tentaculaires et asexuées, notamment une méduse ressemblant à un cerveau et d’autres visages surnaturels. Gallagher utilise des couches de papier à l’encre et à l’aquarelle qui sont visibles sur l’autre face, de sorte que chaque dessin est créé sur deux faces. Les dessins sont exposés à l’intérieur de cadres en verre double face en forme de vitrines verticales en acier, à la manière de la collection d’un musée d’histoire naturelle.
L’exposition est complétée par trois installations cinématographiques créées par l’artiste et Edgar Cleijne, avec qui Gallagher travaille depuis 2004. Leur plus récente collaboration, Highway Gothic, est particulièrement intéressante. Elle consiste en des projections de films et des affiches qui étudient l’impact écologique, culturel et social de l’Interstate 10 aux États-Unis, une gigantesque autoroute qui traverse la Nouvelle-Orléans et la plus grande zone humide du pays. L’installation illustre le déplacement des communautés urbaines noires et latinos et les victimes environnementales associées à ce projet fédéral, tout en soulignant comment ces espaces dévastés peuvent être récupérés par différents êtres, qu’ils soient humains ou pas.
Par ailleurs, le projet Better Dimension nous propose un univers cinématographique composé d’une projection vivante de diapositives peintes à la main montrant des formes organiques abstraites. Au centre une sculpture de la tête de John F. Kennedy flottant au-dessus d’un disque vinyle est présentée, et on entend en boucle l’hymne du musicien de jazz visionnaire Sun Ra, Nuclear War (1982). L’installation propose ainsi de réfléchir à l’espace, appréhendé soit comme un lieu de conquête, soit comme une échappatoire.
En marge de l’espace d’exposition, sous l’édifice du Centro Botín et dans un dialogue direct avec la mer, est présenté Osedax, un récit cinématographique consacré à la « chute des baleines », un terme scientifique qui décrit la descente des carcasses de baleines dans les zones abyssales, où elles sont consommées par des charognards, des vers mangeurs d’os connus sous le nom d’osedax.
Le centre de l’installation est composé d’un film 16mm et de la projection d’une série de diapositives peintes à la main. À l’extérieur du grand caisson de l’installation, différents panneaux graphiques apparaissent : des rayures diagonales qui évoquent la cartographie des cartes de navigation polynésiennes, le cercueil gravé de Queequeg dans Moby-Dick et les cicatrices qui maculent la peau de cette superbe baleine.
L’exposition est assortie d’une publication, coéditée avec Mousse Publishing, comprenant un essai du célèbre écrivain anglais Philip Hoare, ainsi que des textes de la biologiste marine Helen Scales et de la théoricienne de la culture Manthia Diawara en collaboration avec l’historienne de l’art Terri Geis, écrits expressément pour cette exposition.
À propos d’Ellen Gallagher
Né en 1965 à Providence, Rhode Island (États-Unis), Gallagher vit et travaille entre Rotterdam, aux Pays-Bas, et New York. Son œuvre est exposée dans de grands musées et collections internationaux comme le MoMA, New York, l’Albright Knox Art Gallery, Buffalo, le Metropolitan Museum of Art, New York, l’Art Institute of Chicago, le MCA Chicago, le MOCA, Los Angeles, le Philadelphia Museum of Art, Philadelphie, le Whitney Museum of Art, New York et la Tate à Londres.
À propos d’Edgar Cleijne
Edgar Cleijne est né en 1963 à Eindhoven (Pays-Bas). En 1990, il est diplômé du Conservatoire de Rotterdam. Il vit et travaille entre Rotterdam et New York. Associant les deux pôles opposés de la création d’images traditionnelle et numérique, Cleijne explore les effets de l’Anthropocène à l’intersection de la nature, de la culture et du collectif, une démarche illustrée dans ses installations cinématographiques où sont télescopés espace, image et son.