Exposition
Damián Ortega: Vision Élargie
Du 8 Octobre, 2022 au 26 Février, 2023
L'exposition Damián Ortega : Vision élargie rassemble pour la première fois neuf œuvres sculpturales suspendues de l'artiste mexicain suscitant chez le visiteur une façon nouvelle et transcendante de percevoir le monde qui nous entoure.
L'esprit et l'humour sont de mise pour déconstruire objets et autres mécanismes connus, transformant leurs fonctions et les convertissant en expériences nouvelles et en situations hypothétiques, afin de remettre en question des notions plus larges notamment les discours économiques, sociaux et politiques qui articulent la matière et les relations intrinsèques qui en découlent.
Selon Vicente Todolí, commissaire de cette exposition, "Vision Élargie est la première exposition consacrée aux œuvres suspendues d'Ortega. Chaque œuvre contient en elle et de manière latente, la création et la destruction du monde qui nous entoure".
La suspension des œuvres dans l'espace d'exposition reprend l'idée déjà ancienne chez certains artistes avant-gardistes d'éliminer tout support traditionnel et de présenter les sculptures hors sol, flottant librement, suggérant ainsi la volonté d’interagir différemment avec le spectateur et l'espace, avec la force de gravité, et d’abolir toute fixité.
PARCOURS DE L’EXPOSITION
La légendaire Cosmic Thing (2002) est la première œuvre que l’on découvre en pénétrant dans la salle, une Coccinelle Volkswagen démantelée avec ses pièces détachées supendues.
Découvrez ensuite Harvest (2013), constituée de sculptures en acier suspendues et éclairées par le haut. L’œuvre interroge notre perception et notre lecture de la réalité, et renvoie aux nombreuses références et citations tirées des écrits et fréquemment utilisées dans les œuvres de l’artiste.
Voyage au centre de la terre : pénétrable (2014) est une structure métallique à laquelle sont accrochés des matériaux : cuir tubulaire, pierre ponce, céramique ornée ou verre. Cette œuvre remet en question l’idée de la sculpture en tant qu’objet, monument ou unité, puisqu’elle est fractionnée en milliers de morceaux, dénuée ainsi de sa solidité et de son socle afin, à travers l’humour, de renoncer à la stature héroïque de toute monumentalité.
Poussière d’étoile (2016), est une composition élaborée à base de matériaux naturels et synthétiques fonctionnant comme une architecture d’éléments interdépendants qui crée une sorte d’écosystème se développant à partir d’un épicentre. Ortega a défini les caractéristiques de ce qu’il voulait créer, puis est descendu dans la rue pour le dénicher. Comme il l’explique lui-même, « il fallait que je trouve quelque chose qui soit de la poussière de choses qui étaient réduites au néant… », comme un trou noir ayant englouti tous les objets.
Controller of the Universe (2007) est une œuvre dans laquelle des centaines d’outils d’occasion sont suspendus du plus grand au plus petit, formant un vortex organisé, auquel on accède via quatre passages menant au centre, le néant qui est l’épicentre de l’exposition. L’œil du spectateur est au centre et les outils deviennent des prolongements, mais également des frontières ou des filtres. Le titre de cette œuvre renvoie à la peinture murale Man at the Crossroads (1933) de Diego Rivera, qui représentait un ouvrier dans une usine contrôlant une grande machine assimilée au cœur du progrès technologique, artistique et scientifique.
Volcan (2013) consiste en une palette à double miroir formé par un ensemble de petites pierres rougeâtres de tezontle, une roche volcanique utilisée au Mexique dans la construction. La partie supérieure est composée de minuscules morceaux de verre colorés. Ortega place ce volcan au milieu de la salle d’exposition pour que le spectateur reconnaisse l’oppression et la libération de l’énergie de la lave, cet espace sert de double, au sein d’une composition géométrique de deux formes coniques qui se rejoignent, à l’instar d’un sablier.
Dans H.L.D (High, Long, Deep) (2009), nous découvrons une chaise en bois démembrée et suspendue dans les airs le long de trois axes. Enune seule image, il dessine un long processus déductif et conceptuel où les trois dimensions sont intégrées pour former un objet. Cette structure légère uniformise et repense notre façon de voir le monde ordinaire.
Notre relation ambiguë vis-à-vis de la nature surgit à nouveau dans l’œuvre suivante, Warp Cloud (2018), qui renvoie à la structure chimique d’une goutte d’eau à travers des sphères blanches de différentes tailles qui symbolisent les molécules d’hydrogène ou d’oxygène. On peut y mesurer de quelle manière l’artiste défend l’idée de faire de l’art en s’inspirant des caractères et des besoins locaux et communautaires, sans recourir aux formats et aux conventions des pratiques actuelles reposant sur les désirs et les besoins individuels.
Hollow/Stuffed : Market Law (2012), surplombe la baie et clôt l’exposition. L’artiste y explore des sujets comme l’exploitation économique, l’abus de pouvoir, l’histoire coloniale et l’identité nationale. Un sous-marin construit à base de sacs réutilisés, de métal et de sel est suspendu au plafond de la salle. Le sac en plastique affiche une blessure qui saigne et un petit trou laisse le sel couler et se déverser sur le sol formant ainsi une montagne. L’artiste associe cette œuvre à l’idée de créer un bien de consommation destiné à être extrait et échangé entre deux endroits sans tenir compte l’impact qu’il exerce sur son lieu d’origine, comme c’est le cas pour la cocaïne. Cette œuvre évoque les sous-marins qui transportent cette substance, vendue par les trafiquants de drogue au Mexique.
L’exposition est par ailleurs agrémentée d’un espace de lecture conçu par l’artiste pour accueillir les publications de son projet d’édition Alias.
Le catalogue de l’exposition, coédité avec La Fábrica, est complété par les textes du commissaire et critique d’art Peio Aguirre, de la commissaire Roberta Tenconi et du poète Rafael Toriz.
À PROPOS DE DAMIÁN ORTEGA
Damián Ortega (1967, Mexico) a commencé sa carrière comme caricaturiste politique. Il a participé au « Taller de los viernes » avec Gabriel Orozco de 1987 à 1992. En 2005, il a été nominé pour le prix Hugo Boss et en 2007 pour le Preis der Nationalgalerie für junge Kunst. En 2014, il a obtenu une bourse de recherche pour artistes octroyée par la Smithsonian Institution et en 2006, il a été accueilli en résidence par le Deutscher Akademischer Austausch Dienst (DAAD) à Berlin. Il vit et travaille à Mexico.