Exposition
MARUJA MALLO : Masque et compas
Du 12 avril au 14 septembre 2025
Maruja Mallo (Vivero 1902 - Madrid 1995) est une artiste incontournable du XXe siècle espagnol et l’une des figures de proue de la Génération de 27, incarnée par Rafael Alberti, Salvador Dalí, Federico García Lorca, Luis Buñuel, Rosa Chacel et María Zambrano, entre autres. Ce fut aussi la principale représentante du groupe d’artistes qui, pour la première fois, proposa collectivement une conception du monde féminine à partir d’une perspective inédite, celle de la femme moderne, active, libre et active professionnellement.
M. Mallo était une artiste visionnaire qui réussit à refléter les préoccupations de son époque et à anticiper nombre des nôtres. Les axes structurants de son œuvre sont l’universalité des aspirations humaines, au-delà des clivages économiques, raciaux ou de genre ; l’analyse du monde comme un système écologique interdépendant qui doit être préservé et le pouvoir de l’art de révéler des aspects méconnus de la réalité.
Cette exposition souhaite faire découvrir l’œuvre et la pensée de M. Mallo, ainsi qu’exposer la pertinence actuelle de son travail à partir d’une vision contemporaine et renouvelée. Elle est organisée chronologiquement, en respectant ses séries de peintures qui, aux côtés de ses dessins et de ses archives, retracent l’ensemble de la carrière de l’artiste. Du réalisme magique et des compositions surréalistes de ses premières années jusqu’aux configurations géométriques et fantastiques de ses dernières œuvres. Ainsi, ses décors se déplacent des quartiers populaires de Madrid aux faubourgs, explorant la relation de l’être humain avec la nature et plaçant cette relation dans une dimension supérieure, dans laquelle la science, l’art et la mythologie vont de pair, pour finir dans le cosmos. Cela inclut en outre des citations de l’artiste elle-même qui donnent la parole à la relecture personnelle de M. Mallo de son travail et du rôle de l’art dans la société.
Exposition organisée par la Fundación Botín et le Museo Reina Sofía.
Commissaire de l'exposition : Patricia Molins, membre du Département des expositions temporaires du Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía
Verbenas (Fêtes populaires nocturnes) et Estampas (Estampes) (1927-1928) sont les premières séries de Maruja Mallo. Les Verbenas, que l’artiste définit comme des « créations magiques aux dimensions exactes », sont des scènes de carnaval pendant lesquelles, la population, sans distinction de races, de classes, ni de genres, est l’actrice principale.
Les Estampas, qu’elle qualifia plus tard « symbologrammes », en raison de la combinaison d’images et d’acrostiches qu’elles contiennent, englobent plusieurs séries : des estampes populaires, des sportives, des cinématiques et celles de vitrines et des mannequins. Dans ces œuvres, M. Mallo oppose la figure de la femme athlétique et vitale dans la nature aux images chosifiées de mannequins ou de statues, sur le fond dynamique de la ville.
Dans Cloacas y campanarios (Cloaques et clochers) (1929-1932), la figure humaine n’apparaît que comme une trace, un déchet ou un squelette abandonné dans un terrain vague.
Dans La religión del trabajo (La religion du travail) (1936-1939), M. Mallo rend hommage aux travailleurs de la mer et de la terre, qui sont comparés avec l’espoir d’un monde futur en harmonie avec la nature. Les figures monumentales de cette série s’inspirent des déesses ou des dames votives de l’art classique et elles sont illuminées par la clarté de l’aurore, dorée pour les paysannes et argentée pour les pêcheuses.
M. Mallo a peint les Naturalezas vivas (Natures vives) (1941-1944) qui peuvent être lues comme des symbioses ou des métamorphoses d’organismes principalement marins (coquillages, algues, coraux, fleurs singulières, comme les orchidées). Sensuelles et colorées, elles évoquent la mer ou le ventre de la mère comme origine de la vie.
Dans les figures de ses dernières séries, Moradores del vacío (Habitants du vide) (vers 1968 – 1980) et Viajeros del éter (Voyageurs de l’éther) (1982) microcosme et macrocosme, science et mythologie semblent se mêler : la cellule ou le vaisseau spatial cohabitent avec les sirènes et les anges.
L’exposition est accompagnée d’une publication, en espagnol et en anglais, coéditée par la Fundación Botín, le MNCARS et la maison d’édition This Side Up, qui comprend des textes d’Alejandra Zanetta, de Johanna Hedva et de la commissaire de l’exposition elle-même.
—
Maruja Mallo, Canto de las espigas (Le chant des épis), 1939. Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía © Maruja Mallo, VEGAP, Santander, 2025